Début mai, j'ai commencé un album de recherche autour d'un outil connu des calligraphes contemporains, le colapen.
Le support : un "Artist's journal" de Fabriano, format 21 x 16 cm, constitué d'une alternance de feuilles de papier Ingres 90 g blanc et ivoire. Sa surface sans présenter de résistance notable offre une bonne accroche, le papier a de la tenue et résiste bien aux traitements humides. De plus, il est "acid free" ( cela augure bien de sa conservation dans le temps).
J'ai confectionné une série de colapen (avec des canettes de limonade Finley, d'eau Perrier, de bière Guiness), de tailles variées mais nettement plus petites que ceux fabriqués en général par les autres calligraphes. Les manches aussi sont courts, mes mains sont petites et j'aime sentir l'outil dans le prolongement de mon bras sans un manche au contrepoids gênant.
J'utilise des encres fabriquées par mes soins avec du carmin d'indigo et de l'extrait de cassel, ainsi que l'eau de rinçage de mes outils. Cette dernière donne les teintes claires de l'album.
Tout au long de l'album je trace, reprends dans le frais , dessine et redessine les lettres de l'alphabet, en respectant la succession des lettres même si je commence parfois par une autre lettre que le A. Il s'agit donc d'exercices formels, qui ne correspondent pas à la réalité des occurrences des lettres dans des mots ou des phrases. Par exemple, je ne connais pas de mot où le "c" succède au "b", le "x" au "w".
Il s'agit pour moi d'apprivoiser mes colapens, d'en découvrir les possibilités, les subtilités, de gérer les imprévus qu'il produit, de maîtriser des effets. J'expérimente aussi beaucoup sur la nature du trait, notamment les différentes énergies utilisées pour le produire, et par conséquent les énergies différentes qu'il porte.
C'est tout sauf des modèles - bien des lettres sont fautives - ce sont des productions spontanées, je ne fais pas vraiment de brouillons avant. La plupart du temps, je me lance comme ça. Cette spontanéité a pour corollaire l'impatience. J'accélère le séchage avec des tortillons de papier et j'absorbe l'humidité restante avec une feuille de papier Wenzhou qui sert et ressert (= futur palimpseste), les lettres en sont parfois abimées, je ne trouve pas cela gênant.
Et puis, je suis revenue sur les pages avec des lavis, des dilutions, des jeux de texture, des superpositions de lettrages. Toujours dans la rapidité, donc feuille d'absorption. Et je rajoute ainsi une dimension de travail sur la composition. Recherche, plaisir, liberté.
Je publierai une ou deux pages tous les un ou deux jours.
à bientôt.
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