31 octobre 2010

La petite librairie, à Brest.

 Je ne suis plus brestoise depuis quelques années, mais c'est tout de même la grande ville proche. Il y a quelques jours, je suis tombée par hasard dans le quartier Saint-Martin sur une nouvelle librairie, ou plutôt enfin découvert une librairie installée auparavant dans un quartier où il est presqu' impossible de se garer.
Alors, je suis entrée dans un bel espace, agréable, accueillant, au design simple et moderne. Dans l'angle, quelques tables pour prendre un petit café. C'est un lieu qui invite à rester un certain temps. C'est un aspect du concept, qui d'emblée s'affirme l'exact contraire des  espaces de consommation de prêt-à-lire proposé par une grande chaîne de librairies-disquaires-vendeurs de matériel multimédia. Cependant, il existe déjà à Brest une grande librairie indépendante, qui invite à s'installer pour lire et propose une offre très large. Ici, ce qui est intéressant, c'est le choix des petits éditeurs, que l'on ne  trouve en général que dans les salons du livre donc sur un temps limité et avec une offre parcellaire. Donc, belle place faite aux petits éditeurs mais la Petite librairie propose aussi une sélection très alléchante de classiques, et elle promeut une certaine idée de la littérature et de l'édition, très loin de l'uniformité et qui incite à la découverte.
Je me suis régalée au rayon poésie et littérature pour enfants (dont j'apprécie beaucoup la qualité artistique en tant qu'adulte), j'y ai trouvé des ouvrages assez spécialisés sur la typographie, j'ai juste effleuré les rayons littérature classique et polar car j'ai craint que ma carte bancaire ne chauffe un peu trop. J'ai vu qu'au fil du temps, je pourrai découvrir romans visuels, BD et photographie.
Une chose qui m'a frappée : sur l'ensemble des livres présentés, il y a un nombre non négligeable de livres dont la structure se démarque des formes dominantes : livres accordéons, livres coffrets, formats originaux, matières brutes...  design sobre, épuré des couvertures, vue et toucher sont subtilement sollicités.

Vous découvrirez en cliquant ci-dessous que c'est une librairie associative, ses choix d'éditeurs, ses activités et projets.
La petite librairie
Les éditions Zédélé

29 octobre 2010

Le pupitre des lettres.


Je suis allée le week-end dernier visiter le Mont Saint-Michel. C'est un fait connu que la baie du Mont s'ensable et que sans intervention humaine, il ne sera bientôt plus une île. Le site est actuellement l'objet d'un grand chantier visant à restaurer son caractère maritime. C'est dans ce cadre, que l'architecte Luc Weizmann a conçu un barrage sur le Couesnon, baptisé "Barrage de la caserne", aux caractéristiques particulières, barrage qui fait partie d'un ensemble de travaux destinés à contrarier l'ensablement du Mont. C'est un ouvrage particulier d'abord sur un plan technique. En général, un barrage retient l'eau et la libère vers l'aval. Ici, le barrage libère l'eau du Couesnon vers l'aval, mais le flux du cours d'eau ne suffit pas à chasser les sédiments vers l'extérieur de la baie. Le barrage fonctionne donc aussi dans l'autre sens (et c'est cela sa particularité) et grâce à des vannes secteurs qui assurent aussi une fonction de remplissage d'eau de mer vers l'amont, libère lors de la vidange l'eau du Couesnon ET l'eau de mer retenue précédemment. Les trois ingénieurs concepteurs techniques et l'architecte ont obtenu le Grand prix National de l'Ingénierie 2010 pour leur ouvrage.

Ici, les lecteurs réguliers de ce blog se demandent si ce blog ne change pas de domaine pour s'intéresser à l'hydraulique ou à  l'architecture des travaux publics. Rassurez-vous, ce n'est pas le cas.
 Luc Weizmann, l'architecte du barrage, a eu éminemment conscience du caractère historique et symbolique de ce lieu situé à la proue de l'Europe. C'est le deuxième aspect exceptionnel de ce barrage. Et il a enrichi l'ouvrage technique d'une dimension culturelle, artistique et humaine. L'ouvrage est coiffé d'un large pont promenade, sur lequel on peut déambuler, assister à un spectacle (il y a de longues marches disposées en gradins) avec le Mont comme décor naturel. Mais ce n'est pas tout.Il a voulu que la balustrade côté Mont soit constituée d'un pupitre de bronze, sur lequel sont disposés des symboles.
  Pour commencer les deux parties d'une coquille Saint-Jacques et quelques coques sont moulées sur la première dalle du pupitre, ceci pour souligner que le Mont est un lieu de pèlerinage. Personnellement, les coques m'évoquent aussi l'enluminure : en effet, les enlumineurs gardaient leurs couleurs et leur gesso dans de petits coquillages. Pendant des siècles, le Mont Saint-Michel a abrité un scriptorium et une bibliothèque. Les manuscrits sont actuellement conservés et visibles au Scriptorial d'Avranches, à 20mm en voiture du Mont.
 Ensuite, de chaque côté du pupitre figurent les blasons de la Normandie et de la Bretagne, symboles géographiques et historiques.
 Et puis, Luc Weizmann a demandé à des calligraphes les quatre alphabets constitutifs de la culture européenne : Frank Lalou s'est chargé des alphabets hébreux et grec, Abdallah Akar de l'alphabet arabe et Richard Lempereur de l'alphabet latin. Celui-ci a choisi la caroline, écriture imposée par Charlemagne pour tous les actes administratifs de l'empire, écriture d'une lisibilité et d'une esthétique merveilleuses, écriture choisie comme modèle pour la mise au point des caractères d'imprimerie par les humanistes de la Renaissance. La typographie utilisée pour ce blog en est une des héritières. Encore le symbole de la diffusion du savoir. Ces quatre alphabets sont gravés ensemble sur deux dalles à chaque extrémité du pupitre et des caractères sont isolés et disséminés sur l'ensemble de la balustrade.
 Dernier symbole et non des moindres, la dalle centrale du pupitre accueille une reproduction gravée d'une horloge cosmique, empruntée à un recueil de traités scientifiques et techniques du XIIème siècle, conservé au scriptorial d'Avranches. Vous pouvez les admirer dans le diaporama ci-dessous.




Bibliographie :
Le Mont Saint-Michel sauvé des sables
L'enluminure romane au Mont Saint-Michel ( Remarque 1 : il est épuisé chez l'éditeur Ouest-France, je l'ai vu à la librairie du Mont Saint-Michel et à celle du Scriptorial d'Avranches ; Remarque 2 : dans ce livre figure une photo de l'enluminure reproduite sur le pupitre des lettres)

Merci à Richard Lempereur qui m'a communiqué les noms des calligraphes et a contribué à ma compréhension du projet de Luc Weizmann.

Et pour le plaisir, une vue du Mont depuis Avranches :



27 octobre 2010

Bibliothèque calligraphique.

Voici un ouvrage d'apparence trompeuse, d'une présentation absolument modeste. En seconde de couverture,  John Stevens note simplement  :
"SELECTED WORKS, CALLIGRAPHY, DRAWINGS & PAINTINGS 1990-1999"


Juste 32 pages, mais quel contenu ! J'observe toujours attentivement les travaux de John Stevens, à chaque nouveau regard sur une de ses œuvres, j'admire la virtuosité de ses traits. Il atteint si souvent la perfection...

22 octobre 2010

Un petit tour dans mon carnet "Fonds de matières et essais".









Un petit tour dans mon carnet "Fonds de matières et essais", outil à la fois de recherche et de mémoire.
La première image présente un essai d'écriture informelle au pinceau plat à la gouache blanche additionnée d'un peu de médium mat. J'ai ensuite passé un voile d'aquarelle gris de Payne, que j'ai absorbé. Puis j'ai cerné les écritures et la tache d'aquarelle et repris les surfaces des lettres au blanc de titane. Un petit esprit "graf".

Sur les deuxième et troisième images j'ai cherché autour du sombre et du clair, de la notion d'ouverture, de fenêtre.

20 octobre 2010

A découvrir : "L'Art du trait", un projet de B. Gigarel et L. Rébéna.












Au fil de mes pérégrinations calligraphiques sur la toile, je suis tombée sur le blog de Nora Schwartz. Elle y parle d'un projet calligraphique d'envergure (au sens propre et figuré) conçu et réalisé par Bruno Gigarel et Laurent Rébéna. Cet été, lors du stage qu'il animait, Bruno nous avait parlé et montré quelques images de ce travail titanesque. J'avais été intéressée, éblouie, épatée. Mais je n'avais pas noté qu'ils avaient dédié un site à leur projet : "L'Art du trait".
Je ne vous en dis pas plus, je leur laisse le soin de présenter eux-mêmes leur oeuvre. Allez-y.

Pour vous mettre l'eau à la bouche :

15 octobre 2010

Laurent Pflughaupt : nouvel atelier.


L'Atelier from David Lozach on Vimeo.

Cela commence à se savoir, si vous regardez sur le forum Encre & Lumière (où quelques membres se prévoient déjà un week-end à Paris), ou sur  le blog de GraphosLaurent Pflughaupt a emménagé dans un nouvel atelier et propose différentes formules d'enseignement de la lettre.
Stéphane Alfonsi vient de mettre sur Facebook une vidéo réalisée par David Lozach pour célébrer cette ouverture. Tout le monde n'est pas encore sur Facebook, donc la voici.

PS : sur Viméo, juste à côté, prenez le temps de regarder l'autre réalisation de Davis Lozach pour EVA.

14 octobre 2010

Lettres musicales : cours de calligraphie latine sur Nantes.



Une bonne nouvelle pour les habitants de Nantes et des alentours, une de mes amies ouvre un cours de calligraphie latine.
Au programme, la découverte de différentes écritures historiques réalisées à la plume carrée : fraktur, cursive gothique, chancelière, onciale...., l'approche d'instruments contemporains : automatic pen, cola pen ... qui invitent aux écritures modernes gestuelles et  pour mettre en scène l'écriture, le travail des fonds et des matières.
Vous trouverez ci-dessous un bulletin d'inscription ("enregistrer l'image sous" puis imprimer) avec les dates des cours. A noter, des dates supplémentaires : 6 & 7 novembre, 4 & 5 décembre.
Si vous désirez des informations complémentaires, vous pouvez contacter Gaëlle sur son mail : gllbellec29@gmail.com
ou au 06 31 32 17 86.

















12 octobre 2010

Avis de naissance : L'ivre de matières et de couleurs.














J'ai choisi cette image comme bandeau de mon nouveau blog : "L'ivre de matières et de couleurs". Désormais, c'est sur celui-ci que je vous présenterai mes tableaux.
J'espère que vous serez aussi nombreux que pour son aîné à le visiter. En effet, au 15 juin, L'ivre de lettres a passé les 10000 visiteurs(teuses). Sur Wikio qui référence 300 000 blogs européens, L'ivre de lettres et de couleurs est à la 13 301ème place sur le classement général, en 884ème place du classement des blogs culturels. Tout cela me fait bien plaisir et je n'avais pas imaginé cette audience quand, en octobre 2009, j'ai écrit le premier message de ce blog. Visiteurs(teuses), membres inscrits, blogs externes qui me référencent, je vous en remercie.
Et donc, non seulement L'ivre de lettres et de couleurs continue, mais il a maintenant un petit frère.

09 octobre 2010

La colonne 1.










Dimensions : 25 x 25
Technique : médium enduit et pigments (carmin d'indigo et extrait de cassel)
Travail de composition basé sur le sombre et le clair.



Sans texte.
Au sein de l'indifférencié en mouvement, une occurence fragile d'ordre apparaît...


06 octobre 2010

Bibliothèque calligraphique : "Calligraphie and graphic design"


Calligraphy & Graphic Design from Marco Campedelli Studio on Vimeo.

Je continue à vous présenter ma bibliothèque calligraphique, ici un ouvrage de Marco Campedelli. Et cerise sur le gâteau, j'ai trouvé cette vidéo sur Vimeo pour vous en montrer les pages intérieures.
(N° ISBN : 978-84-96969-87-2 , version française éditions LINKS)
Avec, il y avait une seconde vidéo, je vous laisse la découvrir.

Marco Campedelli from Marco Campedelli Studio on Vimeo.

02 octobre 2010

Chancelière basculée

Ce sont des détails d'un tableau que j'ai réalisé au début de cette année. On y voit une interprétation personnelle de la chancelière. Lorsque Geneviève Benoit et Isabelle Vernier m'ont demandé une planche d'écriture pour le périodique d'Interligne, je leur ai proposé cette écriture et j'ai réalisé la planche correspondante qui suit :


























Cette écriture emprunte la majorité de ses formes de base à la chancelière, mais en créant des déséquilibres, des exagérations dans le tracé des lettres, en basculant celles-ci les unes par rapport aux autres, en contrastant pleins et déliés et en prenant toutes les libertés avec les orientations des traits.
La portée tracée (à titre indicatif, 1,5 cm pour une plume C2) est un guide libre, les lettres se placent à des hauteurs différentes.
C’est aussi un jeu sur les rythmes, les espacements, les entremêlements de traits, avec des étirements importants des attaques et des empattements inférieurs. Des interlignes réduits participent à l’obtention de textures.
Evidemment, la plume est très manipulée, voire « forcée » : twist, changements d’angles, appuis, arrêts, pivots. Les lettres sont aussi souvent reprises dans le frais du coin ou du plat de la plume : léger doublage des extrémités des lignes fines, liaisons entre les déliés et les pleins (notamment sur les apex).
La plume est très sollicitée, la speedball a la résistance nécessaire. Pour obtenir des déliés fins, une encre de consistance « sèche » est préférable : encre ferrique ou brou de noix.

L’alphabet donné n’est qu’une proposition de formes parmi d’autres possibles. Il faut en effet garder à l’esprit que ces lettres se conçoivent dans une succession, et qu’elles se tracent en fonction des précédentes et des suivantes, en prenant en compte les blancs qui les lient ou les séparent.

Vous pouvez observer des mises en œuvre sur ce blog à la date du 7 avril 2010 et dans les pages du «Carnet de fonds de matières».

Et pour finir, un emploi de cette écriture sur une enveloppe :



 Interligne se veut être la plateforme de promotion de la calligraphie latine et de l'enluminure en communauté française de Belgique. Animé par Isabelle Vernier et Geneviève Benoit, c'est une mine d'informations. Elles publient un périodique que l'on peut recevoir gratuitement en s'abonnant en ligne.