24 février 2010

Soulages à Beaubourg : regarder autrement.

Dans le post du dimanche 1er novembre, je faisais part de mon désir de voir l'exposition Soulages à Beaubourg. C'est chose faite et l'émotion attendue a eu lieu.

Le site de Beaubourg, les magazines sur l'art, de nombreux livres présentent, expliquent la peinture de Soulages. Je ne ferai pas mieux.

En découvrant cette exposition, je me suis interrogée sur ma propre perception visuelle et la manière dont je " recevais" (le terme donne un sens incomplet) les tableaux de Soulages. C'est donc d'une expérience et d'un questionnement personnels dont je souhaite vous entretenir. Comment regarde t-on des tableaux, comment utilise-t-on sa perception visuelle , que signifie regarder ? Comment s'articule le ressenti à partir de cette perception ? Pourquoi est-ce que je donne la valeur d'oeuvre d'art aux tableaux de Soulages ? Questions presques philosophiques ... (sourire qui assume l'aspect prise de tête ou coupeuse de cheveux en quatre).

Je connaissais et aimais une partie de l'oeuvre de Soulages depuis très longtemps, par les livres, les magazines, l'emprunt d'une litho à l'artothèque municipale (le fait de devoir la rendre au bout de deux mois m'a fait renoncer à l'emprunt d'oeuvres d'art - trop difficile de se séparer de l'oeuvre fréquentée quotidiennement ), le déplacement à Conques. Mais, je n'avais jamais vu réellement les oeuvres produites par le peintre après 1979.
J'ai abordé cette exposition dans un état de disponibilité intellectuelle et perceptive. Les premières salles m'ont parues intéressantes du point de vue de la composition, mais je les aies passées assez rapidement, j'avais hâte de voir la suite. Je me suis arrêtée plus longuement dans les salles qui précèdent le couloir sombre et j'ai exploré différentes modalités de mon regard. J'ai commencé à regarder les oeuvres de plusieurs endroits, de très près, du plus loin possible, en enlevant et en remettant mes lunettes, de manière périphérique, très rapidement, en les fixant longuement et en laissant l'oeil chercher différents ajustements de la vue pour éprouver plus fortement le contraste noir blanc. Je les aies aussi regardées alternativement, en choisissant des endroits où en tournant juste la tête, je pouvais passer d'une oeuvre à l'autre immédiatement. Je les ai aussi regardées de manière plus analytique, observant la composition par rapport au format, la répartition et le poids des masses, les directions induites, les rythmes noir/ blanc, l'impact de petites taches blanches ou noires...etc. Je faisais des aller-retours entre une attitude purement perceptive et une observation analytique, l'une renforçant l'autre.

Et puis ce couloir noir, qui, je suppose, représente la rupture de 1979 dans la manière de Soulages d'aborder sa peinture. Et ce premier tableau, contre la paroi du couloir, rencontré d'abord par une vision tangente... L'irruption de la matière.

Lien vers Beaubourg

1 commentaire:

  1. Quelques impressions...
    Le musée Fabre (Montpellier) dispose de plusieurs salles réservées à des œuvres de Pierre Soulages. Il a lui même participé à leurs mises en place.

    A chaque fois, la même impression, de paix, quand j'arrive dans ces salles après avoir traversées celles des peintres des siècles précédents. Une harmonie s'en dégage.

    Peut-être parce qu'il n'y a pas de parti pris

    C'est une invitation au dialogue entre
    la matière,
    la lumière et
    le regardant.

    Un peu à la manière des icônes bizanthines, en d'autre temps.

    Cette peinture est contemplative, méditative.

    Comment-a-il pu les réaliser ? Quel enseignement ? Je m'approche, je recule ...

    RépondreSupprimer